Vendredi 29 janvier
« Tout dans l’art est devenu une affaire. Il faut distinguer les arts : par exemple, le cinéma est l’art le plus populaire. C’est la plus prostituée des manifestations culturelles. On l’appelle même une industrie. Une industrie qui sert à nous amuser, pour passer le temps, pour rester tels que nous sommes, au même degré culturel confortable...
La quantité a tué la qualité. N’importe qui peut dire son opinion et définir ce qu’est l’art, ainsi que ce que l’art ne peut pas dire ou faire. C’est une catastrophe culturelle qui nous renvoie au Moyen-Âge, où l’on châtiait et brûlait une personne pour ce qu’elle pensait. C’est lamentable…
Le but de l’art actuel est le développement de la conscience et de la liberté. Être libre c’est connaître réellement et en finir avec les préjugés quels qu’ils soient. Nous nous sommes trompés : la politique, la religion, l’économie se sont trompées. Il nous faut être courageux et faire face à la catastrophe culturelle...
La vulgarité a gagné et la démocratie est en ruines, pourquoi ? Parce que le grand nombre a choisi des monstres, et s’en plaint après. Mais c’est nous qui avons choisi cette catastrophe en donnant la parole à des immatures qui ne travaillent pas sur eux-mêmes...
L’art doit se proposer de guérir l’humanité, et pas seulement de s’amuser. Et puis, on s’amuse toujours plus en faisant ce qu’on est réellement… »
Alejandro Jodorowksy
