Vendredi 23 novembre
« Faulkner disait que nous disposions tous d’un territoire pas plus grand qu’un timbre-poste, et que ce qui importe n’est pas sa superficie, mais la profondeur à laquelle on le creuse. »
Pierre Michon
La nuit blanche se levait lentement, l’autre nuit, celle des autres, était déjà bien avancée. Une nuit ordinaire faite pour dormir, même pas noire, les lumières de la ville ont effacé le noir, l’ont repoussé, anéanti. Trop nocturne, trop négative, la nuit n’est pas moderne, elle est l’archaïque par excellence. Le passé, la nuit des temps, n’intéressent plus personne.
Nous venons de ces ténèbres, elles terrorisaient nos ancêtres dans leur abri sous roche. Le feu les tenait à distance. Nous avons réussi à les tuer.
L’insomnie réveille-t-elle le souvenir de ces nuits préhistoriques? Ne pas dormir c’est refuser le noir mais c’est surtout ne pas s’abandonner aux rêves. Ne pas vouloir mourir à la veille, au jour, à l’activité. Maintenir ses pensées, ses obsessions, cultiver sa peine.
Fermer les yeux, c’est accepter un autre monde, un monde qui fascine les êtres humains depuis qu’ils rêvent.

Votre texte m’a fait penser à Pascal Quignard. Une grande qualité et beaucoup de poésie
J’aimeJ’aime
Merci ! La référence est écrasante mais je reconnais être fasciné par le rythme de ses phrases et tenter parfois de le reproduire…
J’aimeAimé par 1 personne
Vous avez en tout cas réussi à mettre dans votre écriture la même densité et poésie réflexive
J’aimeJ’aime