Lundi 16 avril
« L’industrie actuelle formate et cérébralise énormément. On prévoit tout pour qu’il n’y ait pas de risque. Il y a aujourd’hui une esthétique sensible qui est très molle et divertissante. On veut avoir le divertissement. C’est très bien, j’aime bien rigoler, ce n’est pas le problème. Mais se divertir de quoi ? Quand on regarde les Grecs, il y avait à la fois des comédies et des tragédies. On a besoin du tragique, c’est évident. On a besoin d’affronter nos propres ombres, comme le font Sophocle ou Euripide. Il y a inceste, parricide, meurtre, mais aussi amour, vision divine, tout est là. Je veux travailler absolument avec ce matériel-là et ne pas considérer qu’il faut divertir, divertir, divertir. Mais quand je ferai une comédie, je ferai une comédie. C’est un genre tout à fait majeur. Mais je n’en suis pas encore là, c’est tout. »
Bruno Dumont
Anselm Kiefer